Piranèse dans ‘Art Passions’, et au CaixaFòrum de Barcelone
Dans le numéro de septembre du magazine Art Passions, Barcelona Kontext a publié un reportage sur l’exposition « Les Arts de Piranèse » intitulé « Piranèse high-tech et en 3D ». Le catalogue de cette exposition, qui sera inaugurée le 5 octobre 2012 au CaixaFòrum de Barcelone (et qui avait été montrée avant l’été au CaixaFòrum de Madrid, rencontrant un énorme succès), a été traduit depuis l’italien et l’anglais vers le catalan et l’espagnol par l’équipe de Barcelona Kontext, qui a aussi traduit les textes des salles d’exposition. Le catalogue a été publié par Factum Arte.
L’exposition nous montre ce dont vous aviez peut-être rêvé un jour: des objets en trois dimensions créés sur le papier par le génial graveur italien, et un voyage virtuel au travers de ses « Prisons ». Fils d’un tailleur de pierre et architecte de formation, Giovanni Battista Piranesi, dit Le Piranèse (Venise, 1720 – Rome, 1778) semblait prédestiné à travailler la matière : le marbre, la brique, le stuc, le bois. Lui-même se donnait d’ailleurs de « l’architecte vénitien ». Il ne nous aura pourtant laissé apparemment qu’une seule réalisation architecturale, la restauration de la petite église du prieuré de Malte, sur l’Aventin, où il est d’ailleurs enterré. Face à cette exigüe solitude, on se prend à rêver : qu’auraient été les palais de Piranèse, ses écoles, ses ports, ses mausolées, ou même ses prisons, d’être un jour sortis de terre ? Pour l’heure, et malgré les prodiges que l’architecture moderne nous concède ou sauf d’éventuels zèles architectoniques émiratis et fortunés, nous n’en sommes pas là. Néanmoins, la fondation vénitienne Giorgio Cini, et la fondation catalane La Caixa ont franchi un premier pas en nous offrant avec l’une des plus importantes expositions réalisées en Espagne sur Piranèse, la possibilité de voyager d’une manière inattendue au travers de son œuvre.
S’il vous arrive d’être happé par la contemplation de la série des Prisons et de vous laisser submerger dans l’exploration infinie de ces seize stupéfiants dédales, vous serez d’abord émerveillé par la mise en animation de ces gravures légendaires. L’exposition présente aussi huit objets extraordinaires imaginés par Piranèse sur le papier et qui ont attendu plus de deux siècles pour voir le jour grâce aux prodiges de la modélisation digitale et, en l’occurrence, aux prouesses de l’entreprise espagnole Factum Arte, consacrée à la réalisation d’œuvres commandées par des artistes ou des musées à l’aide des techniques les plus avancées. Le parcours est judicieusement complété par une exposition du grand photographe d’architecture milanais Gabriele Basilico, qui a sillonné les lieux que Piranèse avait saisi dans Vedute di Roma et Différentes vues de Pesto.
Performer sans galerie ni musées, artiste graphique sans journal, décorateur sans palais, urbaniste sans métropoles, archéologue, antiquaire, vedutista, éditeur, chroniqueur, critique, écrivain, décorateur, ingénieur, ce sont toutes ces facettes que l’exposition « Les Arts de Piranèse » nous fait découvrir, pour comprendre l’énorme influence de cet artiste pluridisciplinaire sur la culture et les arts européens, la poésie romantique ou la littérature néogothique.
Dans ce numéro d’Art Passions, nous avons également publié un article intitulé « La fascination du crépuscule », sur le célèbre photographe américain Gregory Crewdson, dont les grands clichés représentant des personnages perdus dans des décors urbains, ou interdits sous des lumières blafardes dans des intérieurs défraichis, mettent en scène tout le rêve américain brisé, à l’aide des techniques cinématographiques les plus sophistiquées.
PUBLIÉ PAR ANTOINE LEONETTI LE 30 SEPTEMBRE 2012